Toutefois, ce territoire fut habité et cultivé bien avant que l’administration royale n’officialisât son statut. En effet, à l’origine, il s’agissait d’un hameau situé sur le territoire de Monteux, nommé « les Paluds » (de « palun » qui désigne des marécages ou marais). Les tentatives d’assèchement de ces terres marécageuses et celles opérées pour endiguer la Sorgue furent entreprises dès la période romaine et se poursuivirent durant les siècles du Moyen-Age. En 1550, le village de Monteux, pour payer ses dettes, dut céder ce territoire des paluds. Les moines chartreux qui vinrent s’établir au « petit jas » (aujourd’hui Saint Albergaty) poursuivirent ces travaux qui rendirent la plaine fertile et propice aux cultures. La maîtrise des cours d’eau permit aussi de faire fonctionner des usines à papier et à garance, ainsi que des moulins.
C’est aux XVIIIe et XIXe siècles que ce territoire connut son développement économique le plus important. Jean Althen (1710-1774), de son vrai nom Hovhannès Althounian, agronome d’origine arménienne, introduisit la culture de la garance en France. Cette plante, dite aussi « rouge des teinturiers », était cultivée depuis de longs siècles déjà dans d’autres pays pour sa propriété de donner aux tissus une belle couleur rouge. Louis XIV avait déjà tenté de promouvoir cette culture en France mais diverses tentatives n’avaient guère été concluantes. L’essor de ladite culture dans le Comtat Venaissin fut sans doute favorisé par la décision du roi Charles X, en 1829, d’imposer à l’infanterie le port du képi et du pantalon rouges, couleur moins salissante que le blanc mais qui fut abandonnée dès 1914. Le Comtat Venaissin demeura longtemps le 2e producteur mondial de garance et fournit parfois même jusqu’aux deux tiers de la production mondiale. Toutefois, diverses crises frappèrent cette production au cours de la seconde moitié du XIXe siècle : baisse des exportations (notamment vers les États-Unis dont la production de coton diminuait du fait de la guerre de sécession), et surtout le remplacement du colorant naturel par la synthèse chimique de l’alizarine en 1869. On estime que vers 1880, toutes les cultures de garance avaient disparu ou n’étaient guère plus rentables.
Aujourd’hui, même si la garance n’est guère plus cultivée, la commune d’Althen des Paluds, dont le nom rend hommage à celui qui favorisa sa prospérité et sa renommée, demeure un village agricole qui s’étale sur 625 hectares et qui compte une population de près de 2700 habitants, en constante augmentation.